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La coopérative laitière irlandaise de Tipperary fait de son usine dijonnaise de transformation de fromage, l’une des plus modernes d’Europe. Pas moins de 13.000 tonnes de râpé, mini-dés, tranchettes, blocs ou cossettes seront livrées cette année à des clients professionnels, sur des plates-formes de distribution ou via un réseau de grossistes. Oisin Morrin, citoyen irlandais, Bourguignon d’adoption, personnage s’il en est et directeur général de l’entreprise, nous explique le pourquoi du comment.

Les fromages arrivent en meules de l’Europe entière et ont pour nom Mozzarella, Cheddar, Edam, Gouda ou encore Mimolette. Ils finissent pesés et emballés en râpé, en mini-dés, en cossettes – une autre forme de découpe donnant des lamelles plus grosses que le râpé – en petits blocs ou encore en tranchettes.Nous sommes chez Tippagral, à Longvic, près de Dijon, la société dijonnaise filiale de la coopérative irlandaise de Tipperary, qui les transforme ainsi et dont le site aura bénéficié cette fin octobre de 4 millions d’€ d’investissement.
« Nos locaux et bureaux ont été étendus de 1.200 m2 pour avoir dorénavant 6.000 m2 couverts en grande partie rééquipés de nouveaux matériels », explique Oisin (prononcez Ochim) Morrin, le directeur général.Ressortissant irlandais, l’homme n’a pas son pareil pour vous expliquer son process au pas de charge. Il faut dire qu’il fait à peine quatre degrés dans les ateliers pour une stricte observance des normes imposées.Après avoir déjà injecté pas loin de 6 millions d’€ ces quinze dernières années, l’entreprise bénéficie, avec cette nouvelle enveloppe, d’un des sites de transformation de fromages parmi les plus performants d’Europe, assure t-il.Si 30 collaborateurs oeuvrent sur place, générant pas moins de 48 millions d’€ de chiffre d’affaires (+ 46% en cinq ans), l’automatisation a été poussée au maximum. Les meules arrivent et sont préparées pour la découpe finale suivant plusieurs lignes de production dédiées. Ici, ce sera des blocs de différentes tailles, là, des tranchettes.

Une filiale de commercialisation en Espagne

Le plus impressionnant concerne toutefois le râpé et les cossettes qui, en un tour de main,  passent de meules à lamelles. Convoyés ensuite sur une mezzanine, ils tombent dans d’immenses séparatrices qui les pèsent et envoient le bon dosage à une ensacheuse dans l’atelier de conditionnement, en contrebas. La mise en carton d’expédition avec du matériel Cermex, autre entreprise de Côte-d’Or, n’est plus ensuite qu’un jeu d’enfant.« Nous allons livrer cette année pas moins de 13.000 tonnes de produits fromagés sur des plates-formes de distribution et auprès de grossistes pour les professionnels de la restauration hors foyer (RHF), les collectivités : cantines, hôpitaux…, l’industrie du plat cuisiné et les libres-services professionnels (cash and carry)… », assure le directeur général.Les clients directs s’appellent Metro, Promocash, Passion Froid, Le Gaulois ou encore France Frais. L’exportation qui atteint 16% de l’activité dans une vingtaine de pays a vocation à se développer.L’Espagne, devenue le second marché de Tippagral, accueille même désormais une filiale de commercialisation à Barcelone. « Grâce à nos nouveaux moyens de production, plus ergonomiques, nous augmentons nos capacités de 30% », se félicite Oisin Morrin.Un peu d’histoireTippagral, fondée en 1908 est une coopérative laitière irlandaise basé à Tipperary dans la province de Munster. La première nous est connue pour sa chanson popularisée par les Connaught Rangers lorsqu’ils traversèrent Boulogne-sur-Mer le 13 août 1914, la seconde pour son excellente équipe de rugby.La coopérative fédère 500 producteurs de lait et fabrique du beurre, de la poudre de lait et de l’Emmental pour un chiffre d’affaires d’environ 200 millions d’€.L’usine dijonnaise de transformation de fromage a été rachetée en 1990 à la famille Davoine, affineur et précurseur de la découpe à façon. Au gré des développements successifs, les volumes traités passent de 3.000 tonnes en 1996 à 10.000 tonnes en 2000 en raison d’une automatisation poussée. En 2012, l’entreprise se lance dans les tranchettes et les mini-dés.

 Qui est Oisin Morrin ?

Un Européen convaincu. Un citoyen du monde aussi. « Oisin est un délicieux compagnon de voyage, à l’écoute des autres, très observateur, voulant comprendre. Si je devais le résumer en quelques mots, c’est un caméléon empli d’empathie et un rigoureux bourré d’humanisme », évoque Pierre-Olivier Ghintran, directeur de la CCI International Bourgogne qui l’accompagne souvent en mission export.A 51 ans, marié à une française d’origine Slovaque, Oisin Morrin a eu plusieurs vies professionnelles. Ingénieur aquacole et biologiste marin de formation, il élève durant trois ans en Irlande des saumons dans d’immenses fermes marines. Il est ensuite appelé pour en élever en Corrèze.Et oui, il existe des saumons qui ne vivent que dans l’eau douce, mais le projet ne verra jamais le jour. Il trouve alors un emploi en Corse et s’occupe durant 5 ans d’une ferme aquacole spécialisée dans le loup et la dorade. C’est durant cette période qu’il reprend ses études en parallèle et passe un MBA.« J’ai eu envie de changer car ce métier est très dur physiquement même si vous êtes un plongeur professionnel aguerri », confesse Oisin Morrin. Un chasseur de tête de Dublin lui présente alors Tippagral et l’opportunité de s’installer en France au poste de directeur général adjoint de l’usine dijonnaise…

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