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Pour financer des investissements industriels et des croissances externes, le groupe agroalimentaire catalan veut ouvrir son capital au premier trimestre 2021. L’entreprise est à ce jour détenue à 100 % par la famille fondatrice Poirrier.

Alors qu’il fête ses 100 ans en 2020, le chocolatier Cémoi ouvre des négociations avec des partenaires industriels ou financiers. « Rester sur un modèle familial est une anomalie, vu la taille du groupe », soutient Patrick Poirrier, président de Cémoi (Perpignan), premier chocolatier français avec 3.300 collaborateurs et 750 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les négociations devraient aboutir « à la fin du premier trimestre 2021 ». Patrick Poirrier, président depuis 2005, évoque un « virage décisif », alors que la consommation mondiale de chocolat augmente de 2 % par an. « La structure capitalistique actuelle du groupe nous limite. Certains rachats ont été ratés car nous voulions garder 100 % du capital. Et, aujourd’hui, les cibles potentielles sont de plus en plus grosses. »

Vers une cession ?

Un plan stratégique, établi à l’horizon 2025, prévoit une croissance organique, des investissements importants, y compris publicitaires, des acquisitions et des co-entreprises. « Nous fabriquerons de plus en plus pour d’autres acteurs. La marque de distributeur devient un facteur de développement important dans l’industrie agroalimentaire », indique Patrick Poirrier. Le groupe vend 200.000 produits par an (53 % en business to consumer, 47 % en btob). Depuis fin 2013, Cémoi dispose à Perpignan d’un laboratoire dédié au cacao. Ce centre d’expertise de 120 m2 multiplie les recherches innovantes sur les produits de cacao (fèves, masse, tourteaux et beurre), en complément du département R&D du groupe. Chaque année, Cémoi développe plus de 2000 nouvelles références. L’équipe de développement, R&D et marketing est composée de soixante-dix personnes (quarante en qualité développement et trente en marketing).

Poursuite de la croissance

Le groupe va-t-il être vendu ? La question risque d’échauffer le climat social dans les prochains mois. « On va étudier les différentes propositions. L’objectif, c’est la poursuite de la croissance », déclare Patrick Poirrier. L’entrepreneur catalan est devenu membre, il y a deux ans, du conseil d’administration de la Fondation mondiale du cacao, où il représente les entreprises de taille intermédiaire. L’exercice 2020 devrait se situer « un peu en-dessous de celui de 2019, le marché de la restauration étant très touché par les impacts de la crise sanitaire », analyse le dirigeant. « Le segment des chocolats bio en grande surface est en revanche en progression. »

Maîtrise de la filière

Cémoi compte quatorze sites de production : douze en Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne), spécialisés par types de produits, un en Côte-d’Ivoire et un aux États-Unis. Les neuf sites de production* français de Cémoi emploient 2.200 collaborateurs et fabriquent 70 % des volumes produits par le groupe. Cémoi maîtrise l’intégralité de la filière, dès la récolte des cabosses, aux côtés des planteurs. En 1996, le groupe a choisi d’implanter en Côte-d’Ivoire son usine de transformation de fèves de cacao, qui emploie désormais près de 1.000 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros. En 2015, Cémoi a lancé son programme de cacao durable « Transparence Cacao », qui concerne aujourd’hui plus de 30.000 planteurs œuvrant à produire un cacao de qualité supérieure. Depuis 2012, Cémoi est le premier transformateur à avoir développé une offre commerciale spécifique au marché ivoirien, à partir du cacao produit localement.
Hubert Vialatte

Sur la photo : depuis trois génération, la famille Poirrier a fait de Cémoi le leader du chocolat en France. Crédits : groupe Cémoi – DR.

*Unités de production en France : Perpignan (66), Tinchebray (61), Bourbourg (59), Bègles (33), Sorbiers (42), Chambéry (73), Villeneuve-d’Ascq (59), Troyes (10), Molsheim (67).

 

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