Patron de la Charcuterie des Druides, située à Mûr-de-Bretagne, Régis Sénan a fait de la grande distribution l’unique débouché de ses saucissons artisanaux. Une stratégie porteuse pour une PME familiale en pleine croissance qui vient d’investir 300.000 euros dans l’extension de ses séchoirs.
Il ne voulait pas que l’histoire se répète. Alors quand Régis Senan décide de relancer une activité de fabrication de saucissons à Mûr-de-Bretagne (Côtes-d’Armor), le P-dg de la Charcuterie des Druides a fait le choix de s’appuyer sur une gamme courte vendue exclusivement en grande distribution. « Mes parents avaient fait grandir les établissements Senan autour d’une activité de saucissons, de charcuterie cuite mais aussi de salades vendues au rayon traiteur. À l’époque, nous étions dans une certaine course au volume qui a perdu l’entreprise. En 2001, alors que le chiffre d’affaires était de 12 millions d’euros pour près d’une centaine de salariés, la société a été confrontée à des difficultés importantes qui ont conduit à sa liquidation. »
Le choix des circuits courts et de la distribution
Marqué par ce traumatisme familial, Régis Senan tourne la page pendant deux ans en rejoignant la Corse. « J’y ai dirigé une entreprise de 20 personnes spécialisée dans le saucisson sec artisanal. » L’entrepreneur costarmoricain prend alors conscience que la valeur ajoutée se trouve également dans la valorisation des circuits courts autour d’une offre resserrée et qualitative. De retour en Bretagne, il mûrit un projet de relance des 3.000 m² de l’usine de Mûr-de-Bretagne, restée dans le giron familial. « J’ai travaillé pendant deux ans pour un industriel du grand Ouest pour produire du saucisson sec halal. L’aventure a pris fin en 2007 et je me suis dit que c’était le moment de me relancer en solo. »
Une gamme serrée autour de cinq références
Régis Sénan investit 115.000 euros dans de nouveaux équipements et la réfection des séchoirs, pierre angulaire de l’activité de saucissons secs. Il fait aussi le choix de vendre uniquement ses produits en hypermarchés et supermarchés. « J’ai souhaité ne pas me disperser et de me concentrer sur un seul débouché. J’avais vu mon père vendre partout, en grandes et moyennes surfaces (GMS), sur les marchés, en vente directe, etc. Je ne voulais pas m’épuiser à nouveau, disposer de mes week-ends en famille, avoir la garantie d’être payé, etc. » Pour appuyer sa filiation, il positionne son nom et prénom comme la signature commerciale de l’entreprise. « Nous avons une histoire familiale et une image de marque autour de ces produits. Il était stratégique de s’en servir. »
Une extension des séchoirs pour répondre à la demande
Autour de cinq références, le P-dg de la Charcuterie des Druides prend son bâton de pèlerin pour convaincre les centrales de le référencer. « J’ai eu cette chance d’avoir peu de concurrence sur le créneau des saucissons régionaux. » Le succès est rapidement au rendez-vous permettant à Régis Sénan de compter aujourd’hui six salariés pour un chiffre d’affaires 2016 de 950.000 euros. « À activité égale, je réalise une marge aussi importante qu’au temps de mes parents. Cela démontre que les choix étaient bons. » En 2016, la Charcuterie des Druides a même conforté son positionnement avec un investissement de 300.000 euros dans la création de nouveaux séchoirs. « Cela nous permet de répondre à un marché pour Carrefour. En 2017, nous lancerons également une nouvelle référence de chorizo. »
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