Share Button

Sa silhouette de paquebot jaune et noir se détache à l’horizon. Installée à Trégunc (Finistère) depuis trois semaines, la conserverie Courtin prend doucement ses marques mais n’oublie pas ses fondamentaux.

La pelouse doit pousser un peu, une enseigne est encore manquante… Quelques derniers petits détails qui achèveront le déménagement à Trégunc de la plus ancienne conserverie concarnoise. Un départ symbolique mais nécessaire pour développer l’entreprise, après plus d’un siècle de présence sur le port.

Un paquebot de 1 800 m²

Après seulement trois semaines d’arrêt, la production a repris la semaine dernière dans les locaux flambant neufs. « On a mis les bouchées doubles », commente Jean Collin, à la tête de l’entreprise depuis une dizaine d’années, à la suite de son père Patrick Collin qui avait racheté l’entreprise à la famille Courtin en 2002.

« Les nouvelles machines sont toujours en phase de test, tout le monde prend ses marques. » Avec dorénavant 1 800 m², dont 1 300 m² dédiés à la production contre 700 m² dans l’usine du Moros, les capacités de la conserverie ont doublé. « On a même de la place pour d’éventuelles futures machines qui permettraient de multiplier la production par trois ou quatre »

Mais ce genre d’augmentation n’est pas encore au programme de l’entreprise qui a tout misé sur l’amélioration des conditions de travail de ses huit salariés à la production. « Pour l’instant, nous avons surtout cherché à diminuer le travail manuel, précise le directeur. Pour la soupe de poisson par exemple, les salariés travaillaient avec des marmites de dix litres, qu’ils touillaient et transvasaient à la main, avec le risque de brûlure que cela entraîne. Aujourd’hui, nous travaillons avec des cuves de 1 500 litres, brassées automatiquement. »

Des recettes ancestrales

Mais que les fidèles de la marque se rassurent, « les recettes, elles, n’ont pas changé. Nous améliorons seulement les tâches fastidieuses, voire dangereuses, tout en conservant le côté artisanal, insiste Jean Collin. Ce n’est pas parce qu’on est artisan qu’on est obligé de travailler avec des machines du début du siècle ! »

Avec un investissement de 3 500 000 €, le déménagement répondait à deux objectifs : augmenter la capacité de production et développer le tourisme industriel. Et grâce aux six boutiques présentes dans le coin (et bientôt une septième qui ouvrira en juin à Quimper), difficile de passer à côté des spécialités qui ont fait la réputation de la maison : soupe de poisson, tartinables et surtout le confit de saint-jacques, frais ou en conserve.

Haro sur la malbouffe !

Ce tourisme industriel, très en vogue ces dernières années, Jean Collin mise beaucoup dessus. Boîte de conserve à la main, il décrypte la composition de son produit : « Nos produits sont artisanaux, ce sont des choses que vous pourriez faire chez vous, sans ajouts de conservateurs, de colorants ou d’épaississants »

« À notre époque, les gens se sentent cernés par la malbouffe. Ils veulent voir l’envers du décor. » Dans cette optique, tout a été pensé pour accueillir au mieux les touristes. Une boutique de 300 m² mais aussi un espace « découverte » de 200 m², en accès libre et gratuit. Encore quelques travaux et bientôt une vidéo de 1930 tournée par Jehan Courtin et des panneaux illustrés retraceront l’histoire de la conserverie. Surtout, de grandes surfaces vitrées permettent au visiteur d’observer le travail des préparateurs…
La suite sur: Ouest-France