L’une des deux seules féculeries de pomme de terre en France se trouve dans la Marne, à Haussimont. Son propriétaire, le groupe sucrier Tereos, investit 18 millions d’€ en vue de l’allongement des prochaines campagnes. L’industrie agroalimentaire est friande de fécule de pomme de terre à cause de son côté collant et visqueux, qui en fait un excellent épaississant pour les soupes et les sauces.
En ce mois de mai, un grand calme règne sur la féculerie d’Haussimont. La campagne est terminée depuis trois mois déjà, et l’usine tourne au ralenti, loin de l’animation qui prévaut de septembre à janvier, avec sa noria d’une centaine de camions par jour.
Mais cette situation va sensiblement évoluer cette année. « Nous allons passer de 140 jours de campagne, qui était la durée maximale chez nous, à 200 jours par an, de début septembre à fin mars », indique le directeur du site, Hugues Maquin.
La féculerie a en effet été rejointe par une nouvelle coopérative féculière agricole, celle de Vic-sur-Aisne, dans l’Aisne. Avec son apport, l’unité va traiter 500.000 tonnes de pommes de terre à fécule par an, produites sur 9.600 hectares par 540 planteurs, dans un rayon de 70 kilomètres autour de l’usine.
La part de marché d’Haussimont va grimper à 40 %, les 60 % restants étant réalisés par la féculerie de Vecquemont, dans la Somme, propriété du groupe Roquette.
Ces 500.000 tonnes de tubercules, qui sont à 80 % de la “Kaptah Vandel” et à 20 % de “l’Amyla”, produiront en moyenne 100.000 tonnes de fécule de pomme de terre. A l’issue de différentes étapes de transformation, celle-ci prend l’apparence d’une poudre blanche similaire à de la farine.
« La fécule de pomme de terre, qui est en fait l’autre nom de l’amidon, est utilisée pour 80 % dans l’alimentation humaine, et pour 20 % dans l’industrie : la papeterie principalement, où elle est appréciée pour sa blancheur, mais aussi les plastiques biosourcés », explique Hugues Maquin.
L’industrie agroalimentaire est friande de fécule de pomme de terre à cause de son côté collant et visqueux, qui en fait un excellent épaississant pour les soupes et les sauces. Son pouvoir de rétention d’eau intéresse les charcutiers, et sa transparence, les confiseurs. On la trouve aussi dans les snacks, les noodles (nouilles), etc.
Mais la pomme de terre à fécule ne contient que… 20 % de fécule (le double d’une pomme de terre de consommation). Elle est surtout composée d’eau (à 75 %), ainsi que de pulpes (2,5 %) et de protéines (2,5 %).
Transformation majeure du site
Tous ces coproduits ont leurs propres débouchés : les pulpes et les protéines servent à la nutrition animale, tandis que l’eau végétale (c’est son nom) sert d’engrais en agriculture.
L’usine d’Haussimont possède ainsi un réseau de 50 km de canalisations qui partent directement fertiliser les champs alentour, cette seule activité occupant douze personnes.
Même les pierres, la terre et les fanes issues de l’arrachage et de la transformation de la pomme de terre retournent dans la nature.
Le quasi-doublement de la production du site marnais implique d’adapter l’outil de production. Aussi le groupe Tereos investit-il plus de 18 millions d’€ dans la modernisation et l’agrandissement des installations, en vue notamment d’augmenter les capacités d’ensachage et de limiter le volume d’eau végétale rejetée dans le milieu. « Sans quoi il aurait fallu doubler la surface d’épandage », observe Hugues Maquin.
Pour atteindre cet objectif, un nouveau bassin pouvant stocker 250.000 m3 d’effluents a été aménagé dans une commune voisine, tandis que l’on met en place un évaporateur destiné à concentrer 100 % de l’eau végétale en protamylasse (matière sèche riche en potasse destinée à la fertilisation).
C’est en tout état de cause une « transformation majeure et historique », selon le directeur, qui est en train de s’opérer sur le site d’Haussimont. Les nouvelles installations seront réceptionnées au mois d’août 2017.
On peut affirmer ici que la féculerie marnaise revient de loin, car son précédent propriétaire, la coopérative agricole néerlandaise Avebe, avait annoncé sa fermeture pour janvier 2007.
Le site avait été sauvé grâce à son rachat la même année par le leader européen de l’emballage plastique (le Groupe Sphere), associé à AdventAgri, société fondée par les producteurs de pomme de terre eux-mêmes.
Premier groupe sucrier français et troisième mondial, Tereos (ex-Béghin-Say) est devenu à son tour propriétaire en 2011 de cette usine construite en 1970.
Le site emploie aujourd’hui 65 salariés, auxquels viennent prêter main forte 40 saisonniers durant la campagne. Il a prévu d’embaucher une quinzaine de personnes sur deux ans et de sous-traiter la maintenance, qui ne pourra plus être assurée par les salariés du fait de l’allongement de la campagne.
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