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Matthieu Lambeaux, Pdg de Saint-Mamet depuis un an, veut créer “l’usine agroalimentaire du futur”.

Fin octobre 2015, vous présentiez votre “plan de sauvetage” pour l’entreprise Saint-Mamet, basée à Nîmes et à Vauvert. Vous vous donniez alors neuf mois pour redresser la barre. Aujourd’hui, où en êtes-vous ?

Notre volonté, pour Saint-Mamet, est de créer un nouveau modèle en relation avec le monde d’aujourd’hui. C’est une façon de penser différente. Depuis un an, nous n’avons pas arrêté ! Des initiatives ont été menées dans tous les secteurs et nous avons plutôt bien franchi les étapes. Nous sommes dans notre plan. Je n’imagine pas d’années faciles avant trois ans, mais c’est lot de tout entrepreneur. Il y a tout à faire et c’est ce qui nous motive. Le potentiel de Saint-Mamet est énorme. Nous allons terminer l’année avec un million d’ebitda (de rentabilité, NDLR). Nous sommes en chemin.

Un rythme tambour battant

Depuis un an, la nouvelle équipe dirigeante de Saint-Mamet qui emploie 200 personnes multiplie les annonces et les projets à travers sa page Facebook. Si, au départ, Matthieu Lambeaux se donnait neuf mois pour réenclencher la dynamique, voilà désormais qu’il se fixe les trois prochaines années comme principal objectif. Avec la volonté de mettre en place une nouvelle usine, qui permettrait, en plus de devenir plus performant, d’avoir un impact sur l’environnement : réduction de 50 % de la consommation de l’eau, baisse de 40 % des coûts d’énergie… L’arrivée des premiers robots sur le site est prévue pour 2017 et en 2019 doit se concrétiser un projet nommé Pluton : la production de fruits surgelés. Objectif affiché pour 2021 : 30 000 tonnes de fruits français.

Donc plutôt satisfait ?

Nous sommes en bonne voie, mais je suis réaliste, il y aura aussi des mauvaises nouvelles. Mais nous savons gérer les crises.

“Créer une usine qui révolutionne le fruit en morceau, avec des plateformes robot”

En un an, que s’est-il passé ?

D’abord l’équipe, avec une vingtaine de personnes venant des grandes entreprises, Findus, Coca, Campell’s… Nous avons mis en place un nouveau design, un nouveau rayonnage dans les grandes surfaces, débuté les exportations vers la Chine, entamé un plan de replantation des vergers, dont l’objectif est de passer à 1 000 hectares replantés en 2021, et atteindre 30 % de bio en 2021. Nous développons une nouvelle communication, avec bientôt un site internet. Nous avons déménagé le siège social sur l’avenue Feuchères. En décembre vont apparaître des compotes de poire bio pour aider les cantines à faire du bio. Et puis, un grand projet : l’usine de fruits du futur.

Vous allez créer une nouvelle usine sur le site de Vauvert ?

En Europe, il n’existe aucune usine moderne de fruits. Saint-Mamet possède le dernier verger dédié à la transformation en France et l’usine se situe au milieu du verger. Notre ambition est de faire un big bang industriel. L’usine située à Vauvert date des années soixante et son approche date aussi de la même époque. Par exemple, il y a beaucoup d’allers-retours, des ouvriers qui réalisent des mètres et des mètres sans que cela ne soit nécessaire. Ce n’est pas efficace. L’objectif est d’utiliser différemment les ressources avec un nouveau type d’usine agroalimentaire, plus compacte, plus propre, une usine verte pour choyer les fruits et permettre une meilleure préservation. Nous investissons 15 M€ sur trois ans et trente personnes seront embauchées. Nous voulons créer une usine qui révolutionne le fruit en morceau, avec des plateformes robot. Ce serait une première mondiale.

Allez-vous licencier ?

Non, mais nous allons changer les rôles. C’est une évolution des tâches des salariés. Des plans de formation sont déjà mis en place.

Ressentez-vous de la résistance côté salariés ?

Nous avons élevé le niveau de rigueur, et tout réorganisé pour passer d’une économie de la rareté, qui amène chacun d’entre nous à être meilleur et performant, y compris sur le secteur industriel. Globalement, nous recevons plutôt un bon accueil. C’est la première fois que les salariés ont reçu une prime.

N’est-ce pas un pari fou que de vouloir relever Saint-Mamet ?

Un pari fou ? C’est votre expression ! Non je ne pense pas que ce soit un pari fou, c’est au contraire quelque chose d’hyper rationnel, un investissement sur plusieurs années.

 

 

La suite sur: Le Journal des Entreprises