La laiterie bio de Lézat-sur-Lèze lance un investissement très important. Les unités de production vont s’agrandir, de quoi tripler la production et viser les grandes surfaces… et prévoir des embauches.
C’est un tournant important. Ou plutôt un moment où la route s’élargit et la vitesse peut accélérer. Car le lourd investissement de la laiterie JPS lait porte sur les capacités de production mais «nous restons des artisans. Le choix que nous avons fait est de continuer à appliquer sur le lait des techniques artisanales, au contraire de l’industrie agroalimentaire», déclare Thierry Renard, le président. Lui et son associé Yann Roest lancent un investissement de pas moins de 6 millions d’euros pour, d’ici l’été prochain, créer un nouveau bâtiment qui permettra de doubler la surface des locaux (pour passer à 4 000 m2) et, à terme, de tripler la production.
«Pour nous, c’est un investissement lourd, où nous valorisons les critères écologiques, et qui nous permettra de rationaliser la production, souligne M.Renard (voir le chiffre). Aujourd’hui, on produit environ 10 millions de pots par an de yaourts au lit de brebis et de vache, de compotes et de desserts au soja. Nous produisons 1 500 tonnes cette année, l’ambition est de passer à 3 000 tonnes dans 5 ans.» Avec, sans doute, des embauches à la clé. «On peut en envisager une vingtaine dans les 5 ans», pour passer à environ 50 salariés.
Bientôt des desserts aux fèves locales ?
L’objectif de cette croissance est clair : répondre à une demande en augmentation constante. Et, notamment, d’«élargir notre réseau de distribution en visant les grandes surfaces», reprend le président. Il s’agit là d’un véritable changement : «Jusqu’à maintenant, nous ne sommes distribués que dans les magasins spécialisés bio, sous notre marque Biochamps ou sous la marque distributeur pour Biocoop et la Vie claire. Si nous allons dans la grande distribution, ce sera sous marque distributeur.» Un virage essentiel dans la stratégie de cette entreprise née en 1982. M.Renard s’en explique : «Aujourd’hui, la grande distribution représente 60 % du marché du bio, demain sans doute davantage. Quelle entreprise peut, demain, n’être que sur un quart du marché ?»
Des parts de marché, JPS compte bien en gagner également en étendant sa gamme de produits. «On compte élargir la palette des desserts en produisant des riz, des semoules, des crèmes, qu’on ne fait pas actuellement. Par ailleurs, un axe fort d’innovation est le développement du végétal. Nous avons de l’expérience sur le soja et, récemment, sur l’amande. Nous voulons nous développer sur les desserts de légumineuses, comme le pois chiche ou les fèves. Ces végétaux sont, en plus, produits localement.»
Du lait et des pommes d’ici
«Ce qui compte pour nous, ce sont les filières», assure le président de JPS, Thierry Renard. Ainsi, le lait de vache vient de trois élevages ariégeois, celui de brebis d’un éleveur ariégeois et d’autres dans l’Aveyron, le soja (sans OGM) est issu du sud-ouest, comme les pommes des compotes. «Pour les pommes, on aimerait développer une filière en Ariège, c’est-à-dire trouver deux ou trois producteurs dans le département. Et, même si c’est plus difficile, un ou deux éleveurs ovins ariégeois.» Avec toujours l’idée de «commerce équitable nord-nord pour bien rémunérer éleveurs et producteurs.»
Le chiffre : 1
an > De chiffre d’affaires investi. Avec ces 6 millions d’investissement, JPS signe un chèque qui représente plus d’un an de son chiffre d’affaires (qui s’élève à 5,5 millions). «Dans l’agroalimentaire, la moyenne des investissements, c’est 4 ou 5 % du chiffre d’affaires», assure Thierry Renard.