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Faisant face à des difficultés financières, le géant suisse de la boulangerie industrielle a vendu l’essentiel de sa participation dans le français Picard.

Le boulanger industriel Aryzta a fini par trouver preneur pour l’essentiel de sa participation dans le distributeur français de produits surgelés Picard. Un accord contraignant a été conclu avec la société hexagonale d’investissement Invest Group Zouari, portant sur 43% du capital de Picard pour 156 millions d’euros (un peu plus de 171 millions de francs).

La firme zurichoise conservera dans l’immédiat un engagement de 4,5%, dont elle entend se séparer plus tard. En comptant les 91 millions d’euros (environ 99 millions de francs) de dividendes perçus auprès de Picard, Aryzta calcule avoir sauvé quelque 247 millions d’euros (environ 269 millions de francs) sur cet investissement.

En 2015, Aryzta avait acquis auprès de l’unique propriétaire de l’époque Lion Capital 49% des parts de Picard pour 446,6 millions d’euros (près de 490 millions de francs au cours actuel), avec une option sur la majorité restante. Des difficultés financières subséquentes et chroniques ont toutefois contrarié l’exécution de cette option.

Contacté par AWP, Aryzta n’était pas en mesure de chiffrer dans l’immédiat l’ampleur d’éventuelles corrections de valeur sur cette participation.

Régime sec

La multinationale helvético-irlandaise avait pris un virage radical début 2017, réalisant un grand ménage au sein de sa direction et lançant un vaste programme de désinvestissement d’activités «non stratégiques», en plus de mesures d’économies.

La cession des parts dans Picard – conditionnée à l’aval des autorités françaises de la concurrence – doit porter le produit de ces désengagements à 380 millions d’euros (environ 414 millions de francs) et représenter ainsi 85% du total visé. La finalisation de l’opération doit encore survenir avant la fin de l’année.

Dans un communiqué distinct, la famille Zouari se réjouit de devenir l’actionnaire d’une entreprise comptant quelque 1100 enseignes et onze millions de clients. Le groupe, actif avec près de 6000 employés dans la grande distribution, le commerce de proximité et spécialisé ainsi que l’immobilier, revendique l’exploitation d’environ 400 magasins sous enseigne Casino.

Douloureux mais prévisibles correctifs de valeurs à venir

Les analystes relèvent que les montants articulés pour l’opération impliquent d’importants correctifs de valeur sur cet investissement. L’afflux d’argent n’en constituera pas moins une bouffée d’air bienvenue au vu de la situation financière de l’entreprise.

«La destruction de valeur en quatre ans est énorme, sans parler de l’accaparement de l’attention de la direction», analyse ainsi Jean-Philippe Bertschy de Vontobel. L’expert salue néanmoins la fermeture de ce chapitre délicat, qui permet désormais à l’équipe exécutive de se concentrer sur la remise en forme de l’entreprise.

Le bilan d’Aryzta devisait toujours la valorisation de la participation dans Picard à quelque 400 millions d’euros (environ 436 millions de francs), rappelle la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui anticipe subséquemment une perte comptable de l’ordre de 300 millions d’euros (environ 327 millions de francs). Patrick Schwendimann souligne par contre que cette vente allègera l’endettement net du groupe autour de 600 millions d’euros (environ 654 millions de francs), contre 800 millions d’euros (environ 872 millions de francs) actuellement.

UBS note que cette transaction, sans apporter en soi de réponse à nombre de défis opérationnels, a le mérite d’offrir à Aryzta une certaine souplesse financière pour les prochaines années. Le montant articulé correspond à un quart de la valorisation boursière actuelle du groupe et pourrait alimenter le versement de dividendes hybrides pendant les trois prochaines années, calcule Joern Iffert.

Après avoir franchi les 80 centimes dans les premiers échanges, la nominative Aryzta gagnait encore 7,6% à 75,12 centimes sur le coup de 14h30, dans un SPI en hausse marginale de 0,07%. (ats/nxp)