On peut être implanté dans une petite commune éloignée des grands axes de circulation et avoir une économie fleurissante nourricière de projets.
En 2020, cela fera un siècle que la famille Borde dynamise le tissu économique du pays de Saugues. Avec Alain Borde, troisième génération aux commandes, cela n’est pas près de s’arrêter. En quelques mois, la société qui compte 75 équivalents temps pleins a mené de front un projet d’extension de ses bâtiments, l’ouverture d’une boutique éphémère à Paris, le salon international de l’agroalimentaire et s’investit dans un projet à long terme de tourisme mycologique.
1. Innovation
Les deux prix de l’innovation : Quick and cook et Roi des montagnes, une marque relancée pour cibler les épiceries fines.
La société Borde a adapté le procédé de la lyophilisation pour proposer un produit pré-dosé garantissant une longue conservation, une haute valeur gustative et une rapidité d’utilisation inédite. C’est le Quick and cook, décliné en quatre recettes.
Le deuxième produit primé au salon international de l’agroalimentaire n’est autre qu’une vieille recette ressortie du carnet de grand-père. Borde relance la marque Roi des montagnes. C’est sous cette première appellation que la société Borde s’est fait connaître. Cette marque, premium, est destinée au marché des épiceries fines.
2. Une boutique éphémère
Les champignons sauvages sont un produit de fête. Il n’y a pas meilleure période que le mois de décembre et meilleure adresse que le quartier de Saint-Germain-des-Prés pour mettre en appétit une clientèle sensible au bon goût. Borde en rêvait, alors la société s’est mise en quête de partenaires pour partager l’aventure. Six autres marques familiales, dont Pagès thés et infusions, se sont embarquées dans ce projet.
La boutique sera ouverte du 1er au 31 décembre, avec une soirée dédiée aux blogueurs parisiens. Le pas-de-porte dispose d’une très grande vitrine, d’une surface de vente de 80 m² et d’autant de surface de stockage en sous-sol. Divisé par sept, et comptant les frais de communication, le mois parisien devrait revenir à un coût raisonnable de 11.000 € par maison. Ce projet pourrait se multiplier les prochaines années dans d’autres villes.
3. Un agrandissement de 1.200 m²
« En l’espace de 5 à 6 ans l’activité de vente de champignons secs a été multipliée par deux », explique Alain Borde, PDG de la société familiale. Pour pouvoir répondre à la demande, l’entreprise n’a pas d’autre choix que de créer un nouveau bâtiment de 1.200 m². Deux tiers de cette nouvelle surface permettra de stocker les champignons secs triés en froid à température négative. Une fois passés sur un tamis pour retirer la poussière, des rayons infrarouges permettent de détecter d’éventuels déchets plastiques ou des pierres. Des opératrices effectuent un dernier contrôle visuel avant que les champignons secs ne soient placés dans de grands sacs. Ce sont ces volumes qui transitent quelque temps par la salle de froid négatif. Ce passage à des températures comprises entre -18 °C et -22 °C permet d’exterminer toute présence d’insectes et de leurs œufs.
4. Une nouvelle chaîne de tri
Morilles sèches sur la chaine de production.
La mise en service du nouveau bâtiment va de paire avec l’installation d’une autre chaîne de tri pour les champignons secs. Un nouvel équipement qui se traduit par l’embauche d’au moins six personnes.
5. Un écomusée
Le patrimoine mycologique altiligérien est fragile. « Nous voulons nous inspirer de ce qui est mis en place en Espagne et au Canada pour alimenter notre écomusée ».
Borde est l’un des acteurs principaux de la fête du champignon qui se déroule à Saugues et dans les communes voisines. Derrière cette animation de la vie locale, il y a une idée bien plus ambitieuse qui sommeille : faire de la capitale du Gévaudan, un lieu de tourisme mycologique référent en matière de sylviculture. Un écomusée dédié au monde du champignon pourrait voir le jour au printemps 2021.
Le lieu est déjà trouvé. Ne reste plus qu’à développer le contenu. Des chefs restaurateurs pourraient y organiser des formations et donner des cours de cuisine. L’univers de la sylviculture est directement lié aux récoltes de champignons. « Or, on se rend compte qu’entre les coupes de bois à blanc et les plantations d’essences différentes, la pérennité de la présence des champignons est compromise », explique Alain Borde. Ce lien entre sylviculture et mycologie est actuellement à l’étude à l’échelle de la Communauté de communes avec Jean Rondet.