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Le pôle mareyage du groupe costarmoricain investit massivement pour se renouveler. L’objectif : faciliter le travail des employés. Ceux-ci exercent un métier dur, secoué par de multiples crises.

Nous voulons préparer les vingt prochaines années  , lance d’un ton volontaire Stéphane Jouanno, directeur des investisseurs du pôle pêche du groupe Le Graët. Ce conglomérat, un ensemble de petites entreprises bretonnes, investit massivement pour moderniser ses infrastructures de mareyage. Tout d’abord, 1,6 million d’euros en début d’année sur le port d’Erquy (Côtes-d’Armor), pour bâtir une nouvelle structure pour sa société Gallen. Le but : libérer de la place pour agrandir ensuite l’unité de mareyage des Pêcheries d’Armorique située juste à côté. Coût de ce réaménagement : 1,3 million de plus.

Le groupe Le Graët a été fondé en 1986. Il est divisé en trois activités : la conserverie, les surgelés et le pôle pêche. Celui-ci, lancé en 1995, occupe une place prépondérante.  En 2019, il représentait 85 millions sur les 200 millions d’euros de chiffre d’affaires du groupe  , précise Xavier Menguy, le directeur du pôle. Spécialisé dans la transformation de produits de la mer, il travaille notamment la coquille Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc.  Nous en produisons environ 3 000 tonnes par an pour 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. 

Héritage et modernité

La coquille est loin d’être le seul produit de la mer traité par le groupe. Les navires du partenaire Cobrenord,  environ 180 dont une dizaine de hauturiers  , ramènent aussi des  sèches et encornets, des sardines, de la lotte, de la raie…  . Une diversité de produits  qui fait le charme de la gastronomie française  , souligne avec fierté Xavier Menguy.

Le groupe et ses quelque 800 employés revendiquent une culture bretonne forte.  Nous sommes très attachés à nos racines et à notre histoire costarmoricaines. Nous sommes les héritiers des grandes campagnes de pêches qui partaient de Saint-Malo, de Binic et de Paimpol  , détaille les deux directeurs.

Se transformer sans se renier, voilà tout le défi du groupe familial. Fini les acquisitions d’autres entreprises.  Nous sommes davantage dans une logique de recentrage  , analyse Stéphane Jouanno. Une transformation considérée comme nécessaire face aux nombreux défis d’un marché complexe. Car à la crise sanitaire et économique, s’ajoutent de nombreuses difficultés rencontrées par les marins-pêcheurs. Ils fournissent la matière première au pôle pêche, lui-même fournissant les pôles conserves et surgelés.

Le ton est donné dès l’entrée de Celtarmor, une autre entreprise du pôle. Un panneau rouge accroché au portail dénonce la prolifération des éoliennes en mer, nuisibles selon les pêcheurs à leur activité. Mais le gros nuage noir à l’horizon, c’est surtout le Brexit.  L’Europe ne peut pas abandonner la filière. Environ 70 % des volumes hauturiers de la pêche de Bretagne Nord proviennent des eaux anglaises. 

Difficultés à recruter

Qui dit marché compliqué, dit difficulté de recrutement. Même avec l’explosion du chômage, il n’y a pas de ruée pour travailler dans le mareyage.  Il faut être honnête, le métier n’est pas sexy. Les horaires sont longs, dans le froid, dans les odeurs de poissons… Certains intérimaires craquent en une demi-heure  , souligne Stéphane Jouanno.

Les investissements conséquents visent justement à moderniser les usines,  pour plus de confort pour nos employés. Nous voulons limiter les départs, et continuer à attirer les saisonniers locaux. Nous ne pouvons pas tout mécaniser, la sélection des produits de qualité se fait encore à l’œil  . Dans ce coin de Bretagne, certaines traditions résistent encore et toujours à la modernité…

 

La suite sur:  Ouest-France