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Quinze millions de bonbons Lutti produits chaque jour à Bondues, plus de 7 500 tonnes de Carambar à Marcq-en-Barœul, des marques comme Arlequin, Bublizz, Koala, Mi-Cho-Ko… Carambar & Co est sur le point de racheter Lutti Holdings. Le futur challenger du géant Haribo sur le sol français aura les deux pieds bien ancrés dans le Nord.

Lorsque, au printemps de l’année dernière, Eurazeo avait officialisé le rachat à Mondelez des marques Carambar, Poulain, Krema ou encore La Pie qui chante et Malabar, etc, la société d’investissement parisienne avait annoncé «  la naissance du futur champion français de la confiserie et du chocolat  ». Effectivement, Carambar & Co est gourmand. Gourmand de réussite, avec l’ambition de s’installer confortablement sur le marché français de la confiserie. Gourmand… au point aujourd’hui de s’apprêter à croquer l’inventeur du « bonbon qui pique », le fabricant des best-sellers Arlequin et Bubblizz : Lutti.

Les négociations sont en cours depuis l’été. Il y a quelques jours, l’Autorité de la concurrence a donné son feu vert à ce rachat. L’objectif est bien sûr que les deux entreprises unissent leurs forces pour tenter d’aller chatouiller le leader incontestable du marché en France : Haribo. Chatouiller à défaut de réellement le contrarier, car l’Allemand, qui contrôle environ 40 % du marché de la confiserie hexagonale, resterait loin devant l’alliance Carambar-Lutti (moins de 30 % à elles deux). Inversement de l’histoire : en 2016, Lutti était elle aussi sur les rangs pour racheter les confiseries françaises de Mondelez…

À quelques hectomètres

Les deux entreprises se connaissent bien. L’usine historique de Carambar est installée à Marcq-en-Barœul, où il a été inventé en 1954. Elle en produit aujourd’hui autour de 7 500 tonnes par an (à côté des Mi-cho-Ko et des Gom’s). À quelques hectomètres de là seulement, à Bondues, Lutti sort de son usine environ 15 millions de bonbons chaque jour. Depuis quatre ans, l’entreprise a redressé la barre dans un marché frappé par le changement des habitudes de consommation. Arrivé en 2012, son PDG, Sébastien Berghe, s’est notamment débarrassé de la production pour les marques des distributeurs et relancé l’innovation. Mais Sébastien Berghe fut aussi en son temps aux commandes de… Carambar, là aussi pour redresser la production du célèbre caramel qui fondait dans le portefeuille de Mondelez.

Avec Marcq et Bondues, le futur «  champion français de la confiserie et du chocolat  » aura donc une saveur nordiste. Ce rapprochement aura-t-il des conséquences sur l’emploi ou la localisation de productions entre les sites, voire ailleurs ? La phase de rachat étant en cours, les directions des deux sociétés ne répondent pour l’heure à aucune question. Mais d’après ce que nous savons, rien de tel n’a été présenté aux représentants des personnels.