La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 ne semble pas ralentir l’activité de Nigay. Avec une hausse d’activité de près de 10 % depuis le début du confinement, le fabricant ligérien de caramels se prépare à mener de front des projets structurants pour sa croissance future.
Basé à Feurs dans la Loire, Nigay ne connaît pas la crise. Depuis le début de la période de confinement, le fabricant de caramels a même vu son activité progresser « d’environ 10 % », confie Henri Nigay, le directeur général de la PME familiale qui emploie 265 salariés et réalise 70,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une croissance que le patron ligérien a du mal à expliquer.
« Certains de nos clients ont sans doute voulu faire du stock, d’autres ont peut-être eu des difficultés à s’approvisionner en Chine au début de la crise et se sont du coup tournés vers l’Europe. Ce qui est certain, c’est que nous avons pas mal de boulot et une responsabilité sociétale à tenir. Nos caramels sont des produits alimentaires intermédiaires que l’on retrouve dans des tas de produits différents : flans, boissons, gâteaux, glaces, produits infantiles et pharmaceutiques… Si nous n’étions plus en mesure de produire, il y aurait des dizaines de milliers de tonnes de produits alimentaires qui disparaîtraient des rayons », développe-t-il.
En mode gestion de crise
Pour assurer cette mission d’intérêt général, l’entreprise ligérienne s’est organisée afin de préserver la santé de ses collaborateurs tout en assurant un plan de continuité. « Comme toutes les entreprises du secteur agroalimentaire, nous avions déjà pas mal de procédures d’hygiène en place mais il a fallu prendre des mesures de distanciations, de port du masque obligatoire pour toutes les activités pour lesquelles le respect de la distance n’est pas possible. Nous avons aussi mis toutes les personnes qui le pouvaient en télétravail », explique le dirigeant.
Parallèlement à cela, le fabricant de caramels a mis en place une cellule de crise qui se réunit tous les matins à 8h30. « Nous faisons le point sur l’évolution de la crise sanitaire, les relations avec nos clients, les questions de logistique et d’approvisionnement en matière première car on sait que certaines glucoseries et amidonneries ne sont plus alimentées en maïs. Tout le travail que nous avions fait en amont pour avoir des systèmes d’analyses de risques et de préparation à la gestion de crise nous permet de continuer à tourner quasiment à plein régime pour nourrir les gens », développe Henri Nigay.
Un projet à 4 millions d’euros mené par visioconférence
Même les projets au long cours n’ont pas été mis de côté. « Nous continuons d’avancer sur tous nos gros dossiers. Nous avons fait pas mal de réunions par visioconférence pour avancer sur notre projet de nouvelle station d’épuration », illustre le dirigeant.
Pour entrer dans les clous de l’arrêté préfectoral qui fixe les valeurs limites de rejets de son usine de Feurs, Nigay a décidé de gonfler sa capacité de prétraitement de ses eaux usées. « Nous avons beaucoup grossi ces dernières années et nos effluents liquides ont donc augmenté. Pas de manière proportionnelle mais suffisamment pour que notre bassin actuel de prétraitement de 200 mètres cubes ne suffise plus. Nous allons donc le remplacer par deux nouveaux bassins de 500 et 800 mètres cubes de manière à faire un prétraitement plus approfondi pour réduire notre pollution et ne pas perturber la station d’épuration de la ville de Feurs », explique Henri Nigay, qui prévoit aussi, en tant que principal pollueur, de participer financièrement à la modernisation de la station d’épuration de la commune.
Estimé à près de 4 millions d’euros (bassins de prétraitement et modernisation de la station de Feurs), ce projet n’est pas le seul sur lequel avance l’entreprise ligérienne. « Nous travaillons aussi sur la création d’un nouvel atelier sur notre site de Feurs pour répondre à nos besoins de croissance », lance Henri Nigay.
10 M€ pour les caramels spéciaux
Cet atelier sera dédié à la fabrication de caramels dits de spécialités (issue de l’action contrôlée de la chaleur sur des sucres alimentaires en présence d’autres ingrédients : lait, beurre salé, miel, malt, chocolat…) « qui nécessitent encore plus d’hygiène et une vraie spécialisation », précise le dirigeant. Doté de salles blanches pour mettre au point « des caramels fragiles », cet atelier représente un investissement de « près de 10 millions d’euros », confie Henri Nigay. Un investissement qui devrait voir le jour au printemps 2022.
D’ici là, la PME ligérienne aura mobilisé « plusieurs millions d’euros » pour booster les capacités de production de son second site de production basé à Nesle dans la Somme (Hauts-de-France). En activité depuis mai 2019, ce site a déjà bénéficié d’un programme d’investissement de 20 millions d’euros dont 9 millions dans l’outil de production. « Là, nous allons investir dans un deuxième cuiseur et de nouvelles cuves pour assumer la croissance de ce site qui de par sa location à 1 kilomètre du futur canal Seine-Nord-Europe va nous permettre d’être plus proche des ports de Nevers et Rotterdam pour l’exportation », conclut Henri Nigay.